Batons a la main, sac au dos, nous arpentons les chemins et sentiers nepalais. A travers les montagnes et les rizieres, nous nous prenons pour des vagabonds, nous arretant de village en village, cherchant un petit coin d ombre sous un toit, sous un arbre.
On s arrete, la sueur degoulinant sur notre front pris de rougeur, le temps d une cigarette, le temps de se prendre pour des medecins ambulants, a cote des habitants parseme par ici et la, parfois presque cache derriere un col, une montagne que l on ne soupconnais pas. Puis nous repartons, quelques sourires echanges entre Francais et Nepalais, mais humble devant eux, parfois on se tait. La riviere nous suit, serpentant dans la vallee, omnipresente, on e cesse de la suivre des yeux et des pieds, elle se joue de nous, nous forcant a la traverser, nu pieds, dans ses courants rapides et sauvages.
Sac au dos, baton a la main, nous nous prenions pour des vagabonds, mais nous le savions bien cela ne durera pas. Nous, petits voyageurs europeens, eux grands marcheurs nepalais, on ne peut que se rabaisser devant leur courage, leur capacite a arpenter, eux dans leur quotidien, sandales aux pieds, charge sur le dos du triple de leur poids, les sentiers caillasse de ces montagnes si hostiles et si belles qui sont pour eux a la fois calvaire et richesse.
Nous, petits voyageurs europeens, eux grands marcheurs nepalais,
Nous, voyageurs, randonneurs par plaisir, par choix, par chance, eux, simplement marcheurs, suant, en sourire a ces aller-retours imposes par leur montagnes, terrain de supplice, ils en usent des souliers, non par oisivete, bien par necessite. La difference est la, nous avons le choix, eux ne l ont pas, face a cela, on s abaisse de respect.
Nous, petits voyageurs, eux, grands marcheurs, peuples aux mollets si fins, mais qui partent en arpenter les chemins. Oublie le reve du vagabond, je pose mon baton, range mes souliers, qui suis je, qui sommes nous, guinde de materiels, randonneurs bon marche a cote d un peuple aux pieds affute!
Moi, simple voyageur, eux peuple de montagnes aux mille labeurs. Peut etre demain, je reverai a nouveau comme un vagabond, ne craignat aucune montee, aucune riviere, vagabond faisant corps aux sentiers nepalais.